- Kathleen vous avez eu la chance et l’honneur de jouer dans 3 des plus prestigieux brass band anglais, Fodens, Black Dyke et Brighouse. Lequel vous a apporté les meilleures satisfactions et pourquoi ?

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''Sans aucun doute, ma réponse se doit d’être Brighouse. C’est au sein de Brighouse que j’ai eu la chance d’occuper le poste de cornet principal (et d’être aussi la première femme à le faire !) et c’est aussi au sein de Brighouse que je suis devenue championne d’Angleterre et ai remporté le prix du Meilleure Soliste lors du Championnat National des Brass Bands de Grande Bretagne. J’ai eu aussi la chance d’enregistrer deux CD de très haute qualité avec le directeur résident de B&R, David Thornton, dont l’un a récemment remporté le prix du meilleur CD de l’année de brass band.

(Voir ci-contre à droite) J’aimerais aussi mentionner mon temps avec Black Dyke, où j’ai eu la chance de pouvoir non seulement « me faire du métier » et jouer avec des musicien que j’admirais depuis toujours, ainsi que jouer non seulement dans plusieurs pays d’Europe, mais également aux Etats-Unis et au Japon.''

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- Comment avez vous pu entrer dans ces bands ? Avez vous passé des auditions, connaissiez-vous les chefs ou encore des musiciens qui y jouaient ?

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''Je suis entrée au sein de Fodens juste avant le commencement de mes études au RNCM. En effet, j’avais eu la chance de côtoyer Mark Wilkinson, cornet principal du Fodens Brass Band, lors d’un cours d’été au sein du NJBB où j’occupais le poste de cornet principal. Les nouvelles vont vite et en apprenant mon projet d’études au RNCM, il m’a invité à rejoindre Fodens pour le British Open ainsi que le Nationals.

Je suis entrée au sein de Black Dyke à travers mon professeur au RNCM, Richard Marshall, cornet principal du Black Dyke Band. Après une semaine de cours à l’Université il m’a invité à rejoindre Black Dyke et je suis donc rentrée au sein de l’ensemble après avoir passé une audition avec Dr Nick Childs.

Une année plus tard, Prof. David King a mené un Master Class au RNCM et j’ai eu l’opportunité de jouer pour lui. Quelques mois plus tard après son retour d’Australie et en préparation pour les championnat européens de Lille, il m’a proposé de me donner un cours, dans lequel il m’a fait presque exclusivement jouer les parties solistes du cornet principal des pièces que Brighouse allait jouer au championnat d’Europe. Un jour plus tard, j’étais nommée la première femme cornet principal de Brighouse en plus de 150 ans d’existence.''

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- Vous avez, semble-t-il, et si j’en crois les journaux spécialisé anglais, quitté assez rapidement chacun des ses bands, pourquoi ? C’était un choix de votre part dicté par vos études ?

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''Je suis partie de Fodens car j’ai eu l’opportunité de jouer pour Black Dyke, qui non seulement était un meilleurs brass band avec des meilleurs concerts mais où j’ai pu occuper un meilleur poste. De plus, j’avais toujours rêvé pouvoir jouer avec Black Dyke. J’ai quité Black Dyke en tant que Repiano pour occuper le poste de cornet principal à Brighouse. Obtenir le poste de cornet principal était clairement mon objectif ayant choisi d’étudier le cornet et j’ai donc simplement profité des meilleures opportunités quand elles m’ont été offertes. Tous les choix que j’ai pris étaient personnels et n’étaient dictés par personne. Il est humain je pense de suivre une route qui nous guide vers un épanouissement professionnel et personnel.''

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- Comment fonctionnent économiquement les brass band comme la Black Dyke et la Brighouse ? Avec le financement de sponsors, de mécènes ? Les musiciens sont-ils de véritables professionnels engagés et salariés ?

 

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''Comme ordre d’idée :

• A Fodens, je ne gagnais rien (environ 35 concerts/année).

• A Black Dyke, je gagnais 50£ par concert quand j’était répiano et 35£ par concert quand j’étais cornet solo (environ 50 concerts/année).

• A Brighouse, je gagnais 350£ par mois (environ 35 concerts/année).

• A Grimethorpe, je gagnais 110£ par concert (environ 40 concerts/année).

A Black Dyke, les postes sont parrainés par des mécènes, mais à Brighouse et à Grimethorpe, les solistes sont payés par les profits réalisés lors des concerts.

Donc, il n’est absolument pas possible de gagner sa vie en tant que musicien de brass band. En plus de mon poste de cornet principal, j’ai en moyenne joué entre 15-20 concerts en soliste ou en musique de chambre par année, j’ai enseigné dans trois écoles de musique différentes, dont une en Valais pour laquelle je me déplaçais chaque semaine, j’ai donnée environ 5-10 master class par année et j'ai enseigné dans environ 2-3 camps de musique d’été par année.''

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- Vous avez mené de front des études de piano et de cornet, vous terminez actuellement un master en finance de l’université de St Gall et vous avez étudié dans la prestigieuse Royal Northern College of Music à Manchester tout en menant une carrière de soliste internationale j’ai le sentiment que vous avez besoin de faire mille choses en même temps ! Seriez-vous hyperactive ?

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''Je ne suis pas hyperactive (merci !) mais j’ai en effet besoin de faire beaucoup de choses en même temps pour trouver un équilibre personnel. Tout le monde est différent et c’est pour moi la seule façon d’être épanouie.''

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- Vous travaillez en ce moment pour une grande banque à Zurich. Pensez vous privilégier votre carrière bancaire ? Comment voyez vous votre future de soliste ? Aurons nous l’occasion de vous revoir comme cornet principal d’une formation de prestige ?

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''J’ai travaillé pendant 6 mois au Credit Suisse à Zürich. Cela s’est terminé en septembre quand j’ai commencé mon master en finance.

Je poursuis en ce moment des études en finance à l’Université de St.Gall (Master in Banking and Finance). Je pense avoir atteint un nouveau chapitre de ma vie professionnelle, et ai décidé pour le moment de me focaliser sur le domaine de la finance, qui me passionne et me permettra d’avoir une vie intéressante et stimulante en tout point. Malheureusement je ne peux pas tout faire et bien que j’aie encore plusieurs projets en solistes, je ne pense pas occuper le poste de cornet principal d’un brass band dans le future. En effet, les études que je poursuis me prédisent une future vie professionnelle très exigeante et je ne peux pas tout faire à la fois. Toute bonne chose à une fin, et j’ai eu une carrière extraordinaire qui m’a appris de bonnes leçons de vie mais aussi des qualités que je pourrais réutiliser dans ma vie professionnelle. Je continuerais par contre toujours à jouer avec ma fanfare de village, l’Echo des Glaciers de Vex.''

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- Quel est votre rapport avec la musique classique ? Vous êtes également pianiste. Ne pensez-vous pas que le brass band restera pour longtemps un genre musical à part et le parent pauvre de la musique classique et que l’on ne comparera jamais le Philarmoniker de Berlin à la Black Dyke ?

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''Je suis avant tout une pianiste et j’apprécie donc évidemment la musique classique, en particulier Chopin. Je pense que c’est un peu dur de résumer le brass band au parent pauvre de la musique classique. Je suis une musicienne classique avant tout, que ce soit au piano ou au cornet, je jouer la même chose, et je ne considère donc pas que ce que je fasse au cornet soit la version bas de gamme d’un trompettiste classique. Je pense que le genre brass band est un genre de musique différent avec des richesse de sons et de couleurs que d’autres ensembles n’ont pas. Je ne pense pas qu’il y ait du sens de comparer un orchestre philarmonique avec un brass band, tout comme on ne comparerait pas Lady Gaga avec un brass band, ou de la musique traditionnelle africaine avec un orchestre philarmonique. Il est important d’apprécier le brass band pour ce qu’il est, avant tout, la musique du peuple. C’est un genre de musique rassembleur et amateur avant tout et qui ne prétend en aucun cas être un orchestre symphonique. J’aimerais pouvoir casser cette image triste et dénigrante du brass band et se rappeler avant tout que les gens qui jouent dans un brass band le fond par amour de la musique et de l’amitié. Nous avons tous une vision différente de ce qui est beau et ce qui nous plait ne dépend donc que de nous-mêmes et ne devrait donc jamais être comparé.''

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Merci Chère Kathleen pour votre sincérité et votre talent.

Vous faites honneur à la Suisse et au Valais et vous êtes déjà entrée dans la légende des Brass Bands.

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