Arsène, vous présentez un palmarès incroyable, certainement un des plus riches dans le domaine en Suisse. Si vous deviez retenir un seul titre, quel serait-il ? et pourquoi ?

 

''C'est un choix difficile, en effet, le premier titre de champion suisse à Montreux en 2002 avec le Brass Band Fribourg, le premier titre de champion suisse à la fête fédérale de St-Gall en 2011 avec l'Ancienne Cécilia ou le titre de champion d'Europe avec le Valaisia à Utrecht en 2018 ont tous une émotion et une saveur bien particulières. La victoire au British Open en 2017 avec le Valaisia a peut-être quelque chose d'unique.''

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Après vos impressionnants succès nationaux et internationaux avec le Valaisia, vous dirigez toujours l’Ancienne Cécilia de Chermignon, qui certes est une fanfare de très haut niveau, mais vous devez certainement être sollicité par d’autres formations ? Je suppose que Chermignon et l’Ancienne Cecilia sont vos racines profondes et vous semblez beaucoup y tenir ?

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''Effectivement, je dirige toujours avec beaucoup de plaisir et de passion ma fanfare de village où se trouvent ma famille, mes proches et mes amis. C’est la base pour moi, j’y ai toutes mes racines. Je dirige cette société depuis 33 ans. Cette persévérance est primordiale pour moi, d’ailleurs mon père Philibert fête ses 66 ans ? de musique avec l’Ancienne Cécilia. C’est un exemple de fidélité et de travail.''

 

 

Parlez nous, de votre point de vue, du rôle des fanfares de village dans le développement et l’éclosion des musiciens de talent et des brass bands ou l’inverse ?

 

''Le rôle des fanfares de village ou des harmonies de ville dans le développement des brass bands est absolument essentiel. Tous les membres de brass band sont en principe issus des fanfares de village. Ils y ont appris la musique dans leur école de musique respective. Et à l’inverse, le musicien qui joue quelques années dans un brass band pourra redonner à sa fanfare de village son expérience et son savoir-faire.

En conclusion, sans les fanfares de village, les brass band de sélection n’existeraient tout simplement pas.''

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Quel sont vos rapports avec les autres formations valaisannes comme l’ECV et le BB13 ou encore d’autres, pour autant qu’ils existent ?

 

''Des musiciens de l'Ancienne Cécilia de Chermignon ont joué ou jouent encore actuellement au Brass Band 13 Étoiles ou à l’Ensemble de Cuivres Valaisan, comme mon père à l'époque. Les musiciens se connaissent entre eux par leurs différentes activités ou les concours de solistes ou d'ensemble. Il existe également des quatuors formés de musiciens du Brass Band 13 Etoiles et du Valaisia, comme le « Shake Brass » ou le « VAAG » ce qui dénote une belle solidarité.''

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Pouvez-vous nous expliquer comment a été créé le Valaisia ? sa création est-elle liée à un évènement précis, ou si vous cogitiez ce projet depuis longtemps ?

 

''L'idée de former cet ensemble m'est venue car dans ma région, la Contrée, il y avait de très bons jeunes et talentueux musiciens, mais pas d’ensemble propre au lieu. C’est pour cette raison que nous avons fondé en 2008 le Valaisia Brass Band avec Grégoire Barras, le président, et Georges-André Romailler.''

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Vos premiers titres de champion suisse de brass band en catégorie excellence ont été remportés avec le BB Fribourg. Parlez-nous de votre expérience à Fribourg ? Comment le valaisan pure souche que vous êtes a-t-il été accueilli par les fribourgeois ? (Vous avez certainement lu le coup de cœur consacré au chef actuel le morginois Maurice Donnet-Monay)

 

J'ai eu la chance de diriger le Brass Band Fribourg de 2002 à 2008 avec lequel nous avons gagné trois titres de champion suisse et un titre de vice-champion d'Europe en 2006 à Belfast. Le contact avec les musiciens s’est facilement établi dès le début en avril 2002, puisqu'en novembre de la même année, le Brass Band Fribourg gagna pour la première fois le titre de champion suisse. Ces années à la tête du Brass Band Fribourg restent pour moi une expérience magnifique, aux souvenirs étincelants et en émotions très fortes.

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Expliquez-nous l’ambiance et les contacts entre les formations lors des championnats d’Europe ? Est-ce plutôt convivial et sympa ou au contraire chacun est très concentré sur sa performance et il y a peu d’échanges entre les formations ?

 

''C'est à Markus Bach, fondateur de l’Association européenne des brass band en 1978 que l’on doit ce concours. Ce concours européen des brass bands est véritablement une grande fête de la musique de cuivre. C'est un moment privilégié dans le calendrier annuel et c’est également un moment unique dans la vie d'un musicien. L'ambiance est tout à fait conviviale entre les musiciens et les ensembles.  J'ai eu la chance d'y participer à huit reprises comme directeur et à deux reprises comme jury et à chaque fois cela a été une expérience inoubliable. Je dois dire également que l'on peut retrouver cette même ambiance chaque année au concours suisse des brass bands à Montreux.''

 

 

Lors de ces championnats d’Europe, entre les chefs, vos collègues, Philip Harper, Nick Child, David King, Florent Didier et les autres ou encore les compositeurs et membres du jury l’ambiance est bonne ? vous êtes-vous fait des amis parmi eux ?

 

''Nous sommes les mêmes passionnés de musique de cuivre avec les mêmes motivations, donc le courant passe toujours très bien et très rapidement avec ces directeurs ou compositeurs. C'est également très enrichissant de les côtoyer et pouvoir échanger. Avec le Valaisia, nous travaillons depuis pratiquement notre création avec Allan Withington, un chef anglais établit en Norvège, ou d’autres chefs, et ces collaborations avec de telles personnalités sont très porteuses et formatrices.''

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En 2017 en remportant le titre à Birmingham au British Open, le Valaisia est devenu le premier ensemble du continent à gagner cet Open vieux de 168 ans.  Vous avez également été distingué en recevant la statuette de meilleur directeur, le Mortimer Maestro Award, qu'est-ce que cela représente pour vous ? On pourrait parler d'une sorte d’Oscar de la musique ?

 

''Cette statuette en bronze représente le célèbre directeur Harry Mortimer. Chaque année une pièce unique est fabriquée exclusivement pour le British Open et est décernée au directeur de l’ensemble gagnant. Vous imaginez donc que cette statuette a une place bien particulière dans mon salon. Elle représente une reconnaissance historique dans le style de la pure tradition anglaise.''

 

 

Le Valaisia donne l’impression d’être ‘’taillé sur mesure’’ pour les concours ? Une sorte ‘’de bête de compétition’’ ? Ce sentiment est encore conforté par le fait que vous ne produisez pas ou peu d’enregistrements et que vos concerts publics semblent plutôt rares. (Black Dyke et Brighouse donnent entre 35 et 50 concerts par année)  Qu’en dites-vous ?

 

''En une dizaine d'années, l’ensemble a gagné en maturité. Nous avons maintenant une certaine confiance et la gestion du stress sur scène est bien maîtrisée. Un facteur important est la cohésion du groupe, car on trouve dans les rangs du Valaisia une excellente ambiance de travail. Nous avons décidé dès la fondation du Valaisia de nous consacrer exclusivement sur les concours. En ce qui concernent les concerts, nous avons fait le choix dès le départ de nous produire uniquement lors de nos concerts de préparation, ceci en lien avec les disponibilités et l’occupation des musiciennes et musiciens.''

 

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En 2018 vous avez été consacré Conductor of the Year par les 4barsrest Awards qui est probablement le site internet spécialisé le plus connu et le plus consulté. C’était un grand honneur. ‘’Musicien merveilleusement modeste imprégné d'un appétit insatiable d’apprendre et de s'améliorer, sa direction reste discrète mais tout à fait autoritaire’’. Comment avez-vous appris ce titre ? et avez-vous reçu des félicitations ou des marques d’amitiés des autres chefs pressentis ?

 

''Ce titre est effectivement un grand honneur, sachant qu'il est délivré par un jury international composé de personnalités musicales reconnues. Ce titre est également lié au travail de l’ensemble qui a permis une année 2018 exceptionnelle, (titre européen, vice-champion au British Open et champion suisse) couronnée d’ailleurs également par le titre de Band of the Year. Nombre de félicitations et des marques d'amitiés me sont parvenues par des personnalités du monde de la musique.''

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Le concours européen à Palanga en Lituanie les 1 et 2 mai prochain, vient d’être annulé. Je suppose que vous être déjà très avancé dans l’étude de la pièce de concours ? Pouvez-vous nous parler de cette pièce, de ses difficultés et au fond quels auraient été vos ambitions pour ce concours qui n’aura pas lieu ?

 

Si nous, le comité et les membres du Valaisia Brass Band et le comité sommes bien déçus de cette situation et de ne pouvoir représenter la Suisse à ce concours européen, nous sommes avant tout réalistes et conscients qu’aujourd’hui l’importance est ailleurs, on parle de la santé de populations entières. La solidarité, valeur essentielle à nos yeux, prime sur tout le reste.

En ce qui concerne la pièce imposée, nous venions de commencer à travailler une composition de Philip Sparke, compositeur anglais très connu. Cette pièce de concours est un classique de ce compositeur respecté.

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Parlez-nous de vos musiciens ? Vous donnez l’impression non seulement de beaucoup les respecter mais également de les aimer ? Le taux de rotation du Valaisia parait particulièrement faible ce qui est un signe de bonne entente et d’amitié ?

 

''J’ai vraiment beaucoup de respect pour les musiciens qui à côté de leurs études, de leur travail, de leurs occupations donnent du temps et de la passion pour la musique de cuivres. Les musiciens sont en sorte une deuxième famille et j'ai la chance d'avoir mon fils Valentin et ma fille Aline qui y jouent. On trouve effectivement dans les rangs du Valaisia une bonne entente et des liens d'amitié forts entre les membres.''

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Quel est votre rapport avec la musique classique ? Qu’est-ce que vous écoutez ?

 

''J'écoute énormément de musique, toutes sortes de musique et, bien sûr, de la musique dite classique, comme Stravinski, Bruckner ou Mahler. Mais j’aime bien écouter vraiment tous les genres de musique, notamment le jazz, le funk ou la musique française.''

 

 

Finalement qu’est-ce qui vous a inspiré pour consacrer tant de talent de temps et d’énergie pour le brass band. Etiez-vous, jeune, fan des brass bands anglais ? A quand remonte cette passion ?

 

Je suis né dans une famille de musiciens à Chermignon. Comme mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père jouait de l’euphonium, j’ai commencé très jeune à jouer de ... l’euphonium et à 11 ans j'ai rejoint les rangs de l’Ancienne Cécilia de Chermignon. Mon père musicien de l’Ancienne Cécilia et ancien membre de l’Ensemble de Cuivres Valaisan m’a fait écouter tout jeune de la musique de brass band et de la musique classique. J’ai donc été bercé dès mon plus jeune âge dans cette musique. J'ai toujours été un fan de musique de brass band et de tout le contexte lié à l'histoire de ce mouvement qui nous vient d’Angleterre.

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