Vous avez joué avec l’OSR et d’autres formations classiques. Parlez-nous des chefs rencontrés et lequel vous a le plus impressionné et de manière générale de vos expériences avec des orchestres classiques ?

​

Durant mes études au Conservatoire de Genève, j’ai eu la chance d’effectuer des stages et remplacements dans les différents orchestres professionnels genevois (OSR et Orchestre de Chambre de Genève). Je me rappelle particulièrement d’un concert au Victoria Hall où j’avais l’honneur de tenir la partie, particulièrement exposée, de 1ère trompette dans les « Tableaux d’une exposition » de Mussorgsky. J’ai ensuite effectué une saison de remplacement à l’Orchestre symphonique de Bienne, durant laquelle un concert m’a particulièrement marqué, le programme comprenait la 4ème symphonie de Brahms, et le chef croate Milan Horvat était très impressionnant. D’autres remplacements notamment à l’Orchestre de chambre de Lausanne et plus récemment à l’Orchestre Symphonique de Bâle me permettent régulièrement de remettre un pied dans ce milieu.

Même si les partitions d’orchestre ne sont souvent pas aussi denses que celles de brass band, j’ai toujours énormément de plaisir à jouer en orchestre. La musique est tellement belle que même les mesures à compter passent très vite, et lorsque les compositeurs ont quelque chose d’important à dire, ils le confient souvent aux cuivres !

Vous avez dirigé et vous dirigez encore des fanfares et vous enseignez la musique à de jeunes musiciens. Quel constat posez-vous aujourd’hui sur l’évolution des fanfares de villages et leurs qualités que vous pouvez comparer à l’ECV que vous dirigez et qui se trouve être un des meilleurs ensembles du pays et d’Europe ?

​

Diriger une fanfare de village ou un brass band comme l’ECV n’est pas du tout comparable. Ce n’est pas du tout le même métier, pas du tout la même façon de travailler. Cela dit le niveau des fanfares de village suit globalement la même évolution vers le haut que celui des brass bands, quelle que soit la catégorie. Les jeunes sont très bien formés. J’ai néanmoins l’impression que la bonne marche des fanfares varie fortement d’un endroit à l’autre. Certaines regorgent de jeunes alors que d’autres ont de la peine à recruter

​

Vous avez dirigé durant 10 ans l’Ensemble de Cuivres Ambitus dont vous étiez un des fondateurs ? avec de très beaux succès au niveau suisse et même mondial ! C’était une de vos premières expériences de chef de brass band. Parlez-nous de cette période de votre carrière ?

​

Non, je n’étais pas membre fondateur de cet ensemble. Il a vu le jour en 2001, je l’ai rejoint en 2008 pour une saison de co-direction avec Jean-François Bobillier puis j'en ai repris les rênes l’année suivante. La difficulté principale de ce type d’ensemble est que l’effectif est principalement très jeune, et parfois pas très stable. Lorsque l’effectif ne bouge pas trop et que l’on peut travailler quelques saisons avec pratiquement les mêmes musiciens, on s’aperçoit que ces jeunes apprennent vite et le niveau de l’ensemble prend l’ascenseur. C’est ce qui s’est passé en 2013, où nous avions remporté la 2ème catégorie au championnat de monde de Kerkrade et la 1ère catégorie au concours suisse à Montreux dans la foulée. J’ai eu énormément de plaisir à diriger cet ensemble, dont le plaisir de jouer ensemble est très communicatif.

​

Avec l’ECV vous vous situez au plus haut niveau des brass bands suisses et européens. Quelle évolution ! si nous comparons aux débuts (voir Coup de Cœur Jean-Charles Dorsaz). Vous avez-vous-même vécu la progression des 25 dernières années. Pouvez-vous expliquer cette évolution ?

​

La progression des ensembles suisses ces 25 dernières années est fulgurante ! Quand je me remémore mes débuts comme musicien à l’ECV, je constate la chose suivante : nous commencions la saison fin août, avec comme objectif le concours suisse des brass bands fin novembre, lors duquel il n’y avait pas encore de pièce libre, mais uniquement un imposé. Aujourd’hui nous commençons également à fin août notre saison, mais dans le même laps de temps nous préparons une pièce imposée et une pièce libre pour le Swiss Open de Lucerne, ainsi qu’une pièce imposée et une pièce libre pour le concours suisse des brass band de Montreux… donc 4 fois plus de pièces dans le même temps. La vitesse de travail a incroyablement augmenté, le niveau individuel des musiciens ne cesse d’augmenter, et ils sont très investis. Ils consacrent de nombreuses heures non seulement en répétition, mais également à la maison pour intégrer ces partitions très difficiles. La (saine) concurrence qui existe entre les différents ensembles pousse également à donner toujours plus, ce qui influe grandement sur le niveau.

​

Pour avoir visionné certaines de vos vidéos, j’ai pu constater que la fantaisie et la variété étaient pratiqués par l’ECV qui doit certainement rencontrer un public assez large. Le projet de l’ECV sous votre direction est-il de progresser dans les concours ou de donner des concerts pour votre public. Laquelle de ces 2 options privilégiez-vous ?

​

De mon point de vue ces 2 options ne sont de loin pas incompatibles. L’automne est presque entièrement consacré à la préparation des concours, tandis que nous avons 2 concerts réguliers en début d’année : en février le concert annuel et en avril un concert en collaboration avec le théâtre « Le Baladin » à Savièse. Les concours sont très importants dans le milieu des brass bands, ils nous permettent de nous dépasser et de travailler des pièces complexes dans les moindres détails. Néanmoins les concerts nous font aussi progresser et nous permettent d’aborder un répertoire différent et varié, de collaborer avec des solistes renommés et inspirant, et parfois même de nous « amuser » en montant des shows, dont le public raffole.